Underwater

De William Eubank, 2019.

« In the abyss, no one hear your scream. » Voilà comment pourrait être résumé Underwater, un film de monstres sous-marins sorti fin 2019 dans un anonymat plus ou moins général. La campagne de publicité autours du film fut fort discrète, sans doute car Disney, nouveau propriétaire des studios de la 20th Century Fox, ne savait pas trop quoi faire avec ce film de genre. Du coup, il est resté dans les caves du distributeur pendant de très longs mois (le tournage ayant eu lieu début 2017, soit près de 3 ans plus tôt !). Et sa sortie n’a été que fort peu médiatisée, laissant ça et là apparaître un trailer ou l’autre, une affiche mettant en avant la nouvelle coupe de Kristen Stewart plutôt que l’objet réel du film. Résultat : catastrophe au box-office. Et catastrophe dans la réception critique qui, en résumé, y voit un enfant illégitime et mal aboutit d’Alien et d’Abyss.

Bien sûr, on ne peut pas leur donner tort quant aux origines très référencées du long métrage. Underwater est effectivement un Alien subaquatique, à n’en pas douter. Il capitalise sur une riche histoire de films sous-marins catastrophe où le rôle du monstre est la plupart du temps joué par un gros requin (The Meg, Deep Blue Sea, etc.). L’histoire n’est pas originale pour un sou, bien sûr : on y suit une héroïne (dont le nom m’échappe), qui vit dans une station de pompage d’hydrocarbure au fond de la fosse des Mariannes, le lieu sous-marin le plus profond de la planète. Au-delà de l’absurde de la situation (même en cas de station de pompage sous-marine, il est évident que ce sont des robots qui descendent et entretiennent le matériel pendant que les humains restent bien tranquillement en surface – il est plus simple de construire une base lunaire qu’une base à 15.000 mètres sous l’eau, où la pression est autrement plus mortelle que le vide spatial, bizarrement). On la découvre occuper à se brosser les dents quand la station autours d’elle commence à grincer bizarrement.

Et, quelques minutes après, les diverses parties de la station sous-marine commencent à imploser sous la pression extérieure, lançant l’héroïne et quelques courageux survivants à l’explosion initiale dans une course contre la montre pour atteindre un site B où des capsules de sauvetage leur permettraient de rejoindre la surface sans encombre en respectant les paliers de décompressions. C’est sans compter sur le fait que, là où l’on pense dans un premier temps que des tremblements de terre sous-marins sont responsable de l’accident initial, on voit en fait apparaître subrepticement à l’écran ce qui semble être des créatures marines humanoïdes qui ne nourrissent pas que des sentiments honorables à l’encontre des braves ouvriers/mineurs de grand fond.

S’en suit une heure trente de courses poursuites, de plans sombres et tremblotants filmés caméra à l’épaule où l’on distingue à peine la menace. Le développement des personnages tient sur un timbre-poste, mais on s’en fiche puisque ce n’est absolument pas le propos du film. Reprocher l’unidimensionnalité des protagonistes à Underwater reviendrait à se demander pourquoi les personnages secondaires de Cliffhanger n’ont pas un background psychologique ultra développé. Car Underwater, malgré ses gros moyens, n’est finalement qu’un superbe film de genre ; une série B pleine de moyen.

Et quand on le prend comme ça, c’est une véritable réussite ! N’en déplaise aux critiques (professionnels et non-professionnels) qui semblent s’acharner sur ce film, William Eubank réalise ici un film très maîtrisé où la tension ne fait qu’aller crescendo. Si les mécanismes sont parfois éculés et que certains « jump scare » se sentent venir de loin, ils n’en demeurent pas moins efficace. Peut-être suis-je trop bon public pour ce genre de film, mais je l’ai réellement trouvé agréable à l’œil et finalement très divertissant. On n’apprend rien, c’est juste. Cela ne révolutionne pas le genre, en effet. Mais je préfère 1 Underwater à 100 The Iron Mask. Pour un budget équivalent, Eugan crée un station sous-marine glauque et angoissante et parvient à mettre sur pied une petite équipe de survivants qui, comme de coutume, tomberont les uns derrières les autres aux mains du monstre de service. Et lorsque l’on se rend compte [SPOILER] que le monstre en question est fortement inspiré du brave Cthulhu (belle représentation d’un kaiju, sans doute l’une des meilleures depuis Pacific Rim et depuis le récent reboot américain de Godzilla), cela ne peut faire que plaisir au fanboy que je suis ! [/SPOILER]

Bref, et pour ne pas s’étendre davantage, je dirais qu’Underwater mérite réellement d’être redécouvert dans une soirée pop-corn. Ce n’est pas du cinéma intelligent, mais au moins est-ce un bel hommage au genre, contrairement à Rampage, par exemple, qui a nettement mieux marché que lui sur des prémices pourtant similaires. Même Vincent Cassel, qui retrouve ici les caméras US, s’en sort plutôt bien dans son rôle de commandant désabusé. Non, définitivement, Undewater est une bonne surprise, surtout quand on considère la campagne de bouche à oreille désastreuse qui l’accompagne. Ne boudez pas votre plaisir : c’est régressif, mais ça fait du bien !

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