Rasta Rocket

De John Turteltaub, 1993.

Pour démontrer à l’éventuel lecteur égaré que je ne suis pas (qu’un) nostalgique, il me fallait trouver une œuvre de mon enfance et la passer à la moulinette de mes yeux d’adulte. Et ça fait mal, la moulinette.

Pur produit Disney-en (comme Star Wars ou les Avengers, les amis), Cool Runnings, plus connu sous nos latitudes sous le titre évocateur de Rasta Rocket, nous conte les aventures de la première équipe de bobsleigh jamaïcain, aux jeux olympiques d’hivers de Calgary, Canada, en 1988.

Y’a-t-il réellement besoin d’en dire plus sur l’argument scénaristique ? Non, j’imagine. C’est donc parti pour 1h30 (le format type des années 90) de délires sportivo-moralistes, façon anime de sport pour garçon (genre Olive & Tom, Jeanne & Serge, Prince of Tennis, etc.), le côté coloré de la Jamaïque en plus. Bourré de bons sentiments et de messages assenés aussi subtilement qu’un éléphant traverse un magasin de porcelaines.

Scoré de manière étonnamment positive sur Rotten Tomatoes, Rasta Rocket est l’exemple type du divertissement familial qui a mal vieilli. Le parangon du film pour enfants qui pense devoir adopter un ton enfantin. Pourtant non ! Le cœur de cible du spectacle ne devrait pas avoir à dimensionner la forme et le fond. Je ne dis pas qu’il faut montrer Reservoir Dogs à son gosse de six ans, mais, s’il vous plaît, faut pas le prendre pour un con non plus. Chérie j’ai rétréci les gosses a des personnages plus développés que Rasta Rocket ! Et au moins il n’a pas l’ambition d’être un film à message, comme ce torchon carabéo-alpin l’a malheureusement.

Commis par le brave faiseur John Turteltaub (à qui l’on doit les très convenus mais néanmoins agréables Benjamin Gates), Rasta Rocket résiste mal à l’épreuve du temps. Le rythme du montage, la rapidité des dialogues, la naïveté et l’uni-dimensionnalité des personnages ont beaucoup de mal à passer en l’état de nos jours. Le film est même insultant, dans une large mesure, pour la Jamaïque et les jamaïcains. Tous présentés comme « de grands enfants » (opinion que je ne partage évidemment pas, cela va sans dite) irresponsables et crétins, les quatre protagonistes principaux sont tous plus clichés les uns que les autres. Prix spécial au Carlton de pacotille qui surjoue toutes ses scènes à coup de mimiques ridicules.

Finalement, seul le débonnaire et regretté John Candy, à la filmographie de séries B et de rôles secondaires beaucoup trop courte, s’en sort, par la seule force de sa gueule d’acteur et de ses talents intrinsèques de comédien. Tout le reste, d’une mise en scène poussive à un scénario tiré d’une histoire vraie mais qui prend d’énormes libertés avec ladite histoire vraie (non, ce ne sont pas des coureurs, mais bien des militaires jamaïcains, non, ce n’est pas une histoire de revanche sur la vie, mais bien une opération publicitaire que de monter une équipe de bobsleigh jamaïcaine, non, l’entraîneur n’est pas un ancien champion repentant, non, ils n’ont pas concouru qu’en bobsleigh à quatre, mais aussi à deux, et le font depuis lors à chaque olympiade, non, ils n’ont pas été classé huitième au deuxième essai, mais bien 24ème, non, ils n’ont pas fini avec l’équipe des quatre d’origine, mais bien avec un remplaçant qui n’était jamais monté dans un bobsleigh de sa vie deux jours avant la quatrième manche et non, ce n’est pas la belle histoire du sport qui fait qu’on s’est intéressé à eux, mais simplement le fait que la télé américaine n’avait rien à raconter pendant sa couverture live suite à la défaite de l’équipe de hockey sur glace US dont la programmation était aux mêmes heures que le bobsleigh à quatre qui fait qu’une attention médiatique leur a été accordée), tout le reste, disais-je, ne mérite pas qu’on s’y attarde plus de 5 minutes.

Et je vous épargnerai mon avis sur Il faut sauver Willy!, les innombrables Bethooven, Space Jam et autres films du même acabit… 😉

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