The BFG

De Steven Spielberg, 2016

Premier grand flop de la carrière de Steven Spielberg. Rentré tout juste dans ses frais de production (140 millions de budget, hors marketing, pour 175 millions de recettes en salle), il fallait remonter loin dans la filmo du roi des entertainers pour observer pareille déconfiture. Seul le très sérieux Munich, il y a quelques années, et le très oublié (mais pas oubliable) Empire of the Sun, il y a quelques décennies, n’ont pas réussi à au minimum doubler leur mise de départ. Et le BFG (BGG dans les contrées francophiles) fait moins bien que ces deux ainés.

Mais ceci est-il justifié ? Spielberg, après War Horse, Lincoln et The Bridge of Spies, voulait retourner à quelque chose de plus léger, de plus enfantin. Et quoi de plus logique, sur le papier, que de ressortir le vieux dossier de l’adaptation cinématographique du Bon Gros Géant, classique de la littérature pour enfant anglo-saxonne, signée par Roald Dahl en 1982, et qui taraudait Hollywood depuis le début des années 90. Surtout après les multiples adaptations, en live ou en animation, de James et la grosse pêche, de Charlie et la Chocolaterie ou encore de Fantastique Maître Renard.

Spielberg n’ayant pas pour habitude de s’approprier une œuvre de manière aussi marquée que Tim Burton ou Wes Anderson, on pouvait donc s’attendre à un spectacle bon enfant, dans la droite lignée de Hook ou d’E.T. Malheureusement, comme Hook, The BFG suscite davantage les ricanements que les applaudissements. Accusé d’être assez faible, trop simple et daté, The BFG n’a pas été épargné par la critique et n’a certes pas bénéficié d’un bouche-à-oreille positif.

Et pourtant. Moi qui suit un défenseur de Hook devant l’éternel et qui fut un lecteur assidu des romans de Roald Dhal, je trouve le procès injuste. Bien sûr, The BFG n’est pas une œuvre à la manière d’un Shindler’s List ou Saving Private Ryan. Et, bien sûr, il ne marquera pas l’histoire de l’entertainement comme a pu le faire Jurassic Park premier du nom. C’est un film gentil, honnête, beau, poétique et simple. Et qui contient suffisamment de blagues sur l’aérophagie pour dérider le plus sérieux des enfants. Car, oui, ne l’oublions pas : c’est un film pour enfant. Il n’y a pas ici de sous-texte parodique ou de double-sens comme dans nombre de dessins animés de ces deux dernières décennies.

C’est un conte, un conte merveilleux où une petite orpheline devient l’amie d’un gentil géant dont la passion est de faire « faire de beaux rêves » aux enfants du monde. Un géant qui souffre des coups et humiliations des autres géants du pays des géants, beaucoup plus grands que lui et beaucoup plus fidèles à l’image que l’on peut se faire de l’ogre dans les contes traditionnels. L’histoire de deux rejetés, de deux marginaux, qui s’allieront pour transformer leurs vies.

Et quel meilleur réalisateur que Spielberg pour tourner cela ? Bercé par une musique symphonique du fidèle John Williams, photographié par le non-moins fidèle Janusz Kamiminski, Spielberg se plaît à filmer une histoire d’enfance contrariée (comme dans à peu près tout ses films), de lutte du faible contre le fort, d’héroïsme quotidien. Et ça fonctionne : tout cela est très beau, très bien monté et rythmé, et très bien joué. Mark Rylance, malgré la performance en motion capture, interprète à la perfection le bon gros géant, développant entre autre une formidable syntaxe approximative où les mots se mélangent les uns aux autres de manière toujours ludique, comme dans le roman d’origine. Ruby Barnhill, la petit Sophie, est très à l’aise devant la caméra et campe très bien l’orpheline débrouillarde et grande gueule. Tous les autres géants, malgré un temps d’écran fort réduit, ont une personnalité propre, eux-aussi.

Mais qu’est-ce qui ne marche pas, dans ce cas, me direz-vous ? Et bien je l’ignore. Peut-être le film est-il « trop » simple ? Ne correspond-t-il plus aux canons de l’époque ? Je mettrais ma main à couper que si le film était sorti au début des années 80, il occuperait une place de choix dans notre dvd-thèque, entre les Goonies, Retour vers le futur et autre Indiana Jones. C’est probablement le signe que Spielberg a vieilli. Et que j’ai vieilli également. Dommage pour ce film, qui n’est certes pas un chef d’œuvre intemporel, mais un divertissement de très bonne facture qui émerveillera à coup sûr les plus jeunes d’entre nous. En bonne et due forme. 🙂

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