Trois sœurcières

De Terry Pratchett, 1988.

Sixième tome des annales et second tome mettant en scène les sorcières (après La Huitième Fille), Trois sœurcières est une nouvelle pierre dans l’édifice monumental que Pratchett construit de tome en tome. Loin des excentricités cataclysmiques de Rincevent et ses collègues, ce tome, à l’instar de La Huitième Fille, choisi une voie plus intimiste. On y retrouve Mémé Ciredutemps, accompagnée cette fois de deux collègues avec qui elles forment un convent (même si elle ne sait pas réellement ce que c’est ou à quoi ça sert, mais bon…) Alors qu’elles vaquent aimablement à leurs affaires, les trois compères se font cependant rattraper par la vie du royaume. De leur royaume. Du royaume de Lancre, ce petit bout de terrain forestier perdu au cœur des montagnes.

Le précédent Roi, bien comme il faut (beaucoup de fêtes et de chasse à cours, des coups de colère, des maisons brûlées de temps à autre, mais toujours aimablement, bref, un roi comme il sied), est assassiné par le Duc de Kasqueth. Enfin, surtout par l’ambitieuse femme de ce dernier. Et nos trois sorcières de se trouver confronter au destin du tout jeune héritier, un bébé, qu’elles décident d’appeler Tomjan et de confier à une troupe de saltimbanques de passage. A l’instar des bonnes fées, elles décident même de lui confier quelques avantages dans la vie, quelques dons fort utiles (dans sa vie de comédien).

Lord Kasqueth, inquiet pour sa légitimité, décide dès lors sur les conseils de sa femme de se lancer dans une guerre contre les sorcières, cette femmes tolérées dans le royaume de Lancre mais qui ont l’outrecuidance de ne pas payer l’impôt. Cependant, lorsque l’on s’attaque à Mémé Ciredutemps, à Nounou Ogg (la sorcière bonne vivante à la progéniture multiple) et à Magrat Goussedail (la plus jeune des sorcières du coin, romantique dans l’âme à défaut d’avoir le physique adéquat pour se lancer dans de grandes histoires de cœur), il y a assez peu de chance d’en sortir indemne. D’autant plus quand un habitant du coin, poussé par la propagande du nouveau tyran local, décide de ne pas céder le passage à Esmée Ciredutemps et la renverse presque avec sa charrette. Et, ça, c’est pousser le bouchon un peu loin…

S’enchaînent alors moultes péripéties, des histoires de cœur d’un fou médiocre aux descentes dans les bars (de nains) mal famés d’Ankh-Morpok en passant par des adaptations fantastiques de Shakespeare en cascade. Pratchett laisse une nouvelle fois libre cours à son imagination en détournant les codes de la littérature de fantasy. Sur base d’éléments classiques -l’héritier caché qui doit rencontrer son destin, le coup de pouce des marraines magiques, le fantôme cherchant vengeance, etc.-, Trois sœurcières offre à nouveau un écrin formidable pour démontrer, si besoin est, que Pratchett est un grand écrivain. Il est particulièrement compliqué de mélanger l’humour et une bonne histoire sans déséquilibrer l’ensemble. De roman en roman, Pratchett maitrise de mieux en mieux cet art difficile.

Si les histoires de Rincevent tombent davantage dans la catégorie du grand-guignolesque, et que les premières tentatives romanesques (La Huitième Fille, Mortimer) souffraient parfois d’une conclusion un peu faible, Trois sœurcières est le premier tome dont la conclusion est réellement satisfaisante émotionnellement parlant, sans pour autant laisser tomber la parodie intelligente qui fait la richesse de la série. En conclusion, au risque de me répéter, je ne peux que conseiller à l’aimable lecteur de se jeter sur cette série au plus vite et d’en dévorer chaque tome comme il se doit. La bonne nouvelle, c’est qu’il me reste des dizaines de tomes à lire !

Épées et magie

Édité par Gardner Dozois, 2017.

Publié une petite année avant la mort de l’anthologiste, Épées et Magie est donc l’un des derniers pavés de fantasy rassemblé par Gardner Dozois. Si l’homme est un auteur de fantasy et de SF peu prolifique, ses qualités d’éditeur/d’anthologiste ne sont plus à démontrer. Souvent associé à son vieux compère George R.R. Martin, Dozois a signé nombres d’ouvrages primés, allant du Hugo au Locus en passant par le World Fantasy Award. Au-delà de ces prix, il a surtout, des années 90 aux années 2010 contribué à découvrir et mettre en valeur nombre d’auteurs (exclusivement nord-américains, il est vrai) de qualité dans la fantasy et le SF. Attentif aux évolutions des genre, il a très tôt repéré, par exemple, le virage dark fantasy que le genre a pris à l’aube des années 2000. Dans ces colonnes, nous avions déjà abordé l’anthologie Dangerous Women, cosignée par R.R. Martin, qui recélait autant de textes excellents que des nouvelles plus anecdotiques. Et qu’en est-il de ce volume Épées et magie (dont le titre anglais, The Book of Sword, est nettement plus cohérent avec son contenu…) ?

Après une courte introduction de l’anthologiste sur les épées légendaires que l’histoire à retenu, le bouquin s’ouvre sur Que le meilleur gagne, de K. J. Parker. Une histoire sombre, brute, qui sent le métal et le sang. Je ne connaissais pas l’auteur, mais la nouvelle est clairement une entrée en la matière qui colle parfaitement au sujet et qui augure de bonnes choses. Un vieux militaire, reconverti en forgeron, accueille un jeune homme faussement naïf qui lui demande de forger la meilleure épée jamais forgée. Si la fin de la nouvelle est prévisible, son inéluctabilité n’en fait pas moins texte fort et marquant.

Le deuxième texte, L’Épée de son père, est signée de la main de Robin Hobb, aka Megan Lindholm. La nouvelle, qui ne s’encombre que très peu d’explications, se déroule dans l’univers de l’Assassin royal, saga fleuve qui a propulsée son auteure au panthéon de la fantasy mondiale. Le texte suit une jeune femme confrontée, dans son village de pêcheur, à l’attaque des pirates rouges et des terribles forgisés. Triste, glaçant, le texte se conclut en fin ouverte qui ne peut que pousser le lecteur à découvrir la saga fleuve s’il ne l’a pas encore fait (et je ne l’ai pas encore fait, pour être honnête !)

La troisième nouvelle est signée par la superstar Ken Liu, le chouchou de la planète SFFF depuis quelques années maintenant. Dans la veine des nouvelles de La ménagerie de papier, le texte qui nous est proposé ici, La Fille cachée, est effectivement un petit bijou de construction et un véritable plaisir de lecture. On y découvre une jeune fille enlevée par une ascète tueuse à gage pendant sa première véritable mission dans une Chine médiévale aussi inspirée que fantasmagorique. Très poétique et très spectaculaire. Du tout bon, même si la thématique de l’épée qui dimensionne à l’anthologie passe ici au second plan.

Le texte suivant, L’Épée de la Destinée, est signé de la main Matthew Hughes. Visiblement peu traduit en français, le nom ne me disait rien. Il signe pourtant ici un texte fort amusant, plein de rebondissements et de péripéties. S’il est moins sérieux que les textes qui le précèdent, il ne détonne cependant pas du tout dans une anthologie de fantasy : l’assistant d’un mage est occupé à voler une épée légendaire quand l’opération tourne au vinaigre. Obligé de fuir, il décide de quitter le pays pour éviter le courroux de son maître. Mais, comme de juste, il tombera sur un second mage encore pire que le premier qui est, lui aussi, fort intéressé par l’épée légendaire pour une toute autre raison. Mages sournois (et ridicules), gargouilles serviles, démons aussi terribles que philosophes sont au rendez-vous de cette parenthèse amusée. Du bon, encore !

La cinquième nouvelle est également signée par une autrice qui n’est que très peu, jusqu’à présent, traduite sous nos latitudes. Kate Elliott, pourtant, a du potentiel. J’imagine que ses séries, si elles sont à la hauteur de « Je suis bel homme », dit Apollon Freux, connaitrait un succès mérité. Le texte nous introduit intelligemment auprès d’Apollon Freux, un voleur mystérieux qui se révèle bien vite avoir des pouvoirs autres qu’un charme et une morgue à toute épreuve. On sent un univers qui se dévoile dans ce quelques pages, univers que l’on a hâte de parcourir plus avant. Dommage que le texte soit si court. Le texte suivant, de Walter Jon Williams (dont je ne connaissais que le Sept jours pour expier, publié chez Folio SF – un des rares titres de weird west publié en français !), est quant à lui plus anecdotique. Le triomphe de la vertu nous fait découvrir un aimable aristocrate désargenté qui joue les enquêteurs. Pas grand-chose de plus à dire que cela, si ce n’est qu’à nouveau le lien avec les épées du titre de l’anthologie est pour le moins tenu. Un texte plaisant, mais mineur et rapidement oublié.

Au contraire du texte suivant, signé de la main de Daniel Abraham. Et si le nom ne vous est pas familier, le pseudonyme qu’il utilise lorsqu’il écrit avec son collègue Ty Franck vous l’est sans doute davantage : il s’agit de James S.A. Correy, l’auteur de The Expanse et, par ailleurs, d’un proche collaborateur de George R.R. Martin pendant de nombreuses années. La Tour moqueuse est une nouvelle qui part d’un postulat classique : un voleur s’introduit dans une ville de campagne pour y retrouver un complice déjà dans la place et tenter de dérober une épée légendaire dans un tour magique à proximité. Cependant, les apparences sont trompeuses, à plus d’un titre. Et ce qui est espéré comme une libération n’est souvent qu’une illusion décevante. Un texte adulte, dramatique et puissant, encore un.

La nouvelle suivant a été pour moi l’occasion de lire pour la première fois du C.J. Cherryh, grand nom de la SF avec ses sagas L’Univers étranger et le Cycle de Chanur, entre autres. Hrunting, qu’elle nous présente ici, se plait à imaginer ce qu’il advient quelques années après les évènements décrits dans Beowulf. Froid, sombre, dans la thématique de l’anthologie, la nouvelle fait certainement le taf. Dommage qu’elle n’ait pas ce je-ne-sais-quoi en plus qui en fait un texte dont on se rappelle des années plus tard. La prochaine nouvelle, Une piste longue et froide, est une plongée dans l’imagination de l’Australien Garth Nix, publié uniquement en jeunesse en français grâce à sa série Les sept clés du pouvoir. On y suit Sir Hereward, le fils illégitime d’une sorcière et son acolyte Monsieur Fitz, un pantin de bois et maître du premier, dans leur traque d’un Dieu armé de bien mauvaises intentions. Amusant, bourré d’action, mais probablement un peu plus faible que la majorité des nouvelles de l’anthologie.

Alors que j’attendais à apprécier particulièrement la nouvelle suivante, Quand j’étais bandit de grand chemin, de l’excellente Ellen Kushner (dont j’avais particulièrement aimé Thomas le Rimeur), j’avoue n’avoir que des souvenirs très épars du texte maintenant que j’ai fini l’anthologie il y a quelques jours. Et ce n’est généralement pas un bon signe. Peut-être l’aurais-je aimé davantage si j’avais lu A la pointe de l’épée, avec lequel cette nouvelle partage le cadre, mais comme ce n’est pas le cas, le texte n’a tout simplement pas marché sur moi. Dommage, sans doute. Au contraire de la prochaine nouvelle. La fumée de l’or est la gloire laisse rend parfaitement hommage à la gouaille si particulièrement de Scott Lynch. On retrouve ici un petit voleur, à la façon de son désormais célèbre Locke Lamora, embarqué dans une chasse au dragon légendaire. On pardonnera à Lynch de n’avoir pas placé l’épée au centre de son récit mais de s’être davantage orienté sur ce que c’est réellement d’être un aventurier dans une histoire de fantasy où, ostensiblement, on n’a pas le niveau des ennemis en face. Du tout bon.

Le texte suivant, L’Énigme Colgrid, est également un peu hors sujet. Point d’épée comme argument principal de la nouvelle, ici. Mais Rich Larson, encore un auteur qui n’est que très peu traduit, livre du bon boulot. Deux voleurs (c’est une constante, on aime bien les voleurs dans la fantasy moderne !) se retrouve bien malgré eux dans un décor qui hésite entre le steampunk et le post-apocalyptique pour faire ouvrir un coffre à la serrure complexe qu’ils viennent de délester à son précédent propriétaire. Pour tout paiement, l’experte qu’ils espèrent voir ouvrir leur larcin réclame leur aide pour se venger d’un baron local de la drogue. Noir, bourré d’action et de plans machiavéliques, la nouvelle fonctionne à merveille même si elle repose sur des mécanismes classiques du pulp (ici très intelligemment mis à jour).

Le Mal du roi, d’Elizabeth Bear -que je découvre ici-, est également une bonne surprise. Dans un monde oriental que l’on ne fait ici qu’esquisser, on suit ici la recherche d’une femme, porte-voix d’un empereur statufié, aidé de deux gardes du corps, un homme métallique et un aventurier des sables, sur une île inhospitalière. Elle vient y chercher l’or des empereurs du passé pour permettre à son peuple de survivre. Construit comme une aventure d’Indiana Jones mêlée de fantastique, la nouvelle livre aussi quelques considérations intéressantes sur la famille, la filiation et le sens de la vie. Pas mal, pour un texte de 50 pages.

L’antépénultième nouvelle de l’anthologie, La Cascade, une nouvelle de flingues et sorcellerie, est atypique. Point d’épée ici, puisqu’on y suit une aventure d’un pistolero toxicomane et chasseur de prime. Violent, agressif, le texte de l’israélien Lavie Tidhar est une belle entrée en la matière pour découvrir cet auteur malheureusement pas encore traduit chez nous. Et l’avant-dernière, L’Épée Tyraste, est également une belle découverte. Cecelia Holland, surtout connue pour ses romans historiques, rédige ici une histoire de vengeance sombre et froide à la cour d’un roitelet viking fourbe. Plus classique dans son approche et dans son thème, l’utilisation intelligente de l’épée, au cœur de l’anthologie, offre un twist attendu mais satisfaisant en conclusion de sa nouvelle.

Et l’anthologie se conclut finalement sur nul autre que sur George R.R. Martin. A l’instar du dernier texte de la première partie de Dangerous Women, l’auteur nous plonge une nouvelle fois ici en plein Westeros. Les Fils du Dragon nous parle, il fallait s’y attendre, des conflits dans une fratrie targayenne. Qu’est-ce qu’on rigole avec les Targayens ! Toujours une bonne occasion de s’en mettre plein la tronche en emportant la moitié des Sept Royaumes dans leur folie atavique. A nouveau, R.R. Martin dresse ici, en un peu plus de 60 pages, une véritable page d’histoire de son monde fictif, situé quelques centaines d’années avant les évènements du Trône de Fer. Condensé en ces quelques pages, on y suit des évènements sur deux générations avec nombre de morts, de trahisons et de coups bas. Presque autant que dans la saga fleuve qui fit les beaux jours d’HBO jusqu’à la honnie huitième saison. Que dire ? C’est davantage une chronique historique qu’une nouvelle, mais c’est évidemment efficace, comme toujours avec R.R. Martin. Petit regret cependant : les évènements et les noms s’enchaînent tellement vite qu’il est malaisé de bien saisir les jeux de pouvoir qui lient les uns aux autres, sachant que les alliances et inimités ne sont évidemment pas les mêmes que celles que l’on découvre au temps de sa descendante, Denaerys Targayen, la Mère des Dragons.

Vous l’aurez saisi, Épées et Magie est une très très bonne anthologie qui offre un véritable best off de ce que la fantasy anglo-saxonne a de meilleur à proposer ces 10 dernières années. Là où j’avais beaucoup plus de doute sur la qualité de certains textes de Dangerous Women, je n’ai que très peu de réserve sur celui-ci. S’il y a bien une ou deux nouvelles plus passe-partout, la qualité de l’ensemble est tellement haute qu’il serait vraiment dommage de passer votre tour. A la condition, bien sûr, que vous aimiez la fantasy et que les textes plus sombres ne vous effraient pas.

Conan le Cimmérien

De Robert E. Howard, 1932-1933.

Après avoir lu dans ma jeunesse les versions charcutées par Lyon Sprague de Camp et Lin Carter et avoir louvoyer pendant longtemps autours de Robert E. Howard, il était temps pour moi de me replonger dans son œuvre maîtresse. Longtemps, le Conan de Milius était pour moi _le_ film de fantasy (ok, avec La Dernière Licorne, dans un genre tout à fait différent). Évidemment, la version kiwi de LoTR a donné un coup de vieux au film de Schwarzie et l’a déclassé pour de bon. Cependant, le film est moins « simple » que le souvenir déformé que l’on peut en avoir. Au-delà de la montagne de muscle autrichienne, il y a quelque chose d’éminemment crépusculaire, sombre et sinistre dans l’adaptation de Milius. Et il reste, 40 ans plus tard, un film très regardable (contrairement à ses suites – je considère Kalidor comme une suite -, qui sont au mieux de gentils nanars).

Pourquoi est-ce que je parle de l’adaptation ? (*) Et bien justement en raison de ses attraits, qui sont en fait les mêmes que ceux des textes d’origines. Robert E. Howard, qui n’en était pas à son premier pulp ni même à son premier barbare lorsqu’il inventa Conan, fait partie des trois grands auteurs de Weird Tales, aux côtés de Howard Philip Lovecraft et de Clark Ashton Smith. Contrairement aux deux autres, cependant, Howard n’avait pas systématiquement les mêmes prétentions littéraires. Il faisait aussi du commercial pour payer les factures et savait très bien comment rendre des textes très formatés. Après tout, Weird Tales se vendait au moins en partie pour les filles dénudées en couverture. Et Howard avait très bien capté cela : il savait aussi faire de l’alimentaire.

Pourquoi ces longs prolégomènes ? Et bien justement pour ça. L’édition J’ai Lu que je commente ici est une version poche de l’excellent travail de Patrice Louinet pour éditer une intégrale des nouvelles de Conan dans leur forme originale. Louinet est devenu le spécialiste mondial d’Howard et de Conan en particulier, puisque ce travail d’intégrale n’a pas été réalisé pour un éditeur francophone, mais bien pour Del Rey, tant aux USA qu’au Royaume-Uni. Évidemment, puisque Louinet est malgré tout un francophone, Bragelonne est passé par lui pour l’édition FR de cette intégrale, déjà publiée maintenant sous différents formats (grands volumes chez Bragelonne, dans le cadre de l’intégrale Howard, version poche chez J’ai Lu, version intégrale de luxe chez Bragelonne avec d’excellentes illustrations d’une pléiade d’artistes, etc.) Et c’est également Louinet qui a signé le Guide Howard, dont j’ai parlé dans ces colonnes il y a un petit temps déjà.

Mais Louinet a un défaut : il est tellement « fan » d’Howard qu’il a les défauts de l’expertise. S’il est bien entendu suffisamment éclairé pour distinguer les « grands textes » dans les nouvelles de Conan des textes mineurs, alimentaires pour rependre un adjectif déjà utilisé, il n’en demeure pas moins qu’il a développé au fil des ans une certaine forme de mépris/de haine pour les adaptations, les pastiches ou même le travail il est vrai discutable de Carter et de Camp. Je peux évidemment comprendre ceci, ce besoin de revenir au texte d’origine. Mais je ne rejetterais pas en bloc le phénomène culturel étendu qu’est devenu, au fil des décennies, Conan, de films en comics, de dessins animés en peintures et dessins. D’autant plus que les adaptations diverses et variées, dont la qualité varie effectivement, participe malgré tout toujours d’une certaine humeur, d’une certaine ambiance.

C’est ce qui m’a frappé à la lecture de ce premier volume de nouvelles. A l’instar du film de Milius, l’ambiance crépusculaire est omniprésente. L’âge hyperboréen de Howard, qu’il a construit progressivement et stabilisé après quelques nouvelles, fait l’objet d’un court essai dans ce premier volume de l’intégrale. Howard, comme nombre d’auteurs intéressés par l’Histoire avec un grand H, est particulièrement porté sur cette zone floue qui suit la chute d’une civilisation et précède l’avènement d’une nouvelle culture dominante. L’hyperborée dans laquelle Conan évolue est un monde composé de royaumes déchus, de civilisations brisées, de haines tenaces et d’alliances fragiles. Un temps formidable pour l’aventure, une époque où un simple vagabond peut devenir pirate, mercenaire ou Roi en fonction des nouvelles. Et c’est exactement ce qu’Howard développe dans ces premières nouvelles, à moitié par choix et à moitié par opportunisme. Le Phénix sur l’épée, premier texte de fiction du volume, n’était en effet pas destiné à être une nouvelle de Conan au départ, mais bien une nouvelle de Kull à l’origine. La Fille du Géant de gel, adaptation d’un épisode de la mythologie nordique, aurait très bien pu être porté par un autre personnage principal.

Mais, visiblement, le barbare pragmatique, épicurien et intransigeant que Conan semblait devenir de nouvelle en nouvelle un bon compagnon de route pour Howard. Et, en l’espace de deux ans, Howard a donc publié pas moins de 13 textes sur notre cimmérien favori que l’on retrouve dans ce tome. De fait, même si elles furent publiées sur deux ans il les a écrites seulement en quelques mois (pas aussi vite que la légende, largement propagée par Howard lui-même, le voulait, mais quand même en un temps très court) avant de mettre Conan dans un tiroir pendant une grosse année par manque d’inspiration. Et ça se ressent aussi dans ce premier tome : après quelques essais, il y a quelques très bons textes, comme La Tour de l’Éléphant, La Citadelle Écarlate ou encore La Reine de la Côte noire. Puis la qualité diminue quand même assez fort avec des textes nettement moins marquants, à l’instar de La Vallée des femmes perdues.

Comme je le disais plus tôt, ces textes mineurs visaient surtout à mettre en avant une jeune femme effarouchée et, si possible, fort peu habillée en couverture. L’intérêt de ces nouvelles étant, dès lors, très relatif. Car si Conan est aussi ça, il n’est certainement pas que ça. Les grands textes, précoces comme tardifs, insistent beaucoup plus sur le côté sombre, chaotique du Cimmérien. Conan, au-delà du paquet de muscles à peu près immortel qu’il est, est aussi un personnage complexe, désabusé, sombre et mélancolique. Et le génie d’Howard est de faire passer ces traits par petites touches à travers des textes qui font, malgré tout, la part belle à l’aventure sous toutes ses formes.

Et c’est ce cumul d’une psyché tourmentée du personnage principal et d’un cadre général délétère qui rendent les nouvelles de Conan si mémorables. Bien sûr, Howard est un excellent auteur de pulp (moins révolutionnaire que Lovecraft et probablement moins poétique que Ashton Smith), qui connait son métier et sait tenir son lectorat en haleine. Mais ce que l’on retient, au-delà des innombrables aventures hautes en couleur qui nous comptée dans le désordre (Howard avait en effet choisi dès le départ de nous conter l’histoire de Conan de manière asynchrone, comme des chroniques de hauts faits d’un personnage à moitié légendaire racontés au coin du feux par des troubadours inspirés), c’est surtout une ambiance sombre, un désespoir latent et un héroïsme qui n’a d’autre but que de se protéger soi-même. Conan n’a en effet pas pour but de sauver le monde. Si, incidemment, il sait aider l’une ou l’autre jeune femme en péril, il le fait certainement. Mais il n’est pas un héros resplendissant de l’héroïc fantasy univoque qui verra ses premiers avatars dans la même publication, non, Conan est équivoque. Il a un sens moral, bien sûr, mais il a aussi ses besoins, qui passent par définition avant ceux des autres.

C’est ce personnage contrasté, ce salaud sympathique que l’on a appris à aimer à travers les textes de Howard mais également à travers ses itérations tardives et plus ou moins inspirée. C’est cette période où « tout est permis » qui nous fascine, ce personnage qui mord à pleine dents dans les opportunités qui se présentent, sans forcément penser aux conséquences. Cette facilité parle sans doute au côté fondamentalement égoïste que nous avons chacun au fond de nous, là où la morale s’arrête pour faire place à nos instincts profond. Je dis ceci sans jugement de valeur, bien sûr, et sans non plus de regret. Ne me comprenez pas mal : je ne suis pas nostalgique d’une époque fantasmagorique où tout est permis. Cette époque n’a jamais existé et il est dans notre nature d’être humain d’exprimer le doute. Les quelques exemples historiques inverses ont donné de véritables barbares, cette fois, sanguinaires et amoraux. Il n’empêche que Conan est gris, contrasté et, par ce simple fait, attirant. Longue vie au Roi Conan.

(*) Je sais très bien qu’il y a eu une deuxième adaptation avec Jason Momoa il y a une dizaine d’années. Mais bon, on est entre amis et c’est toujours dommage d’aborder les sujets qui fâchent. Donc, je préfère nier son existence.

Sourcellerie

De Terry Pratchett, 1988.

Cinquième livre des annales du Disque-Monde, Sourcellerie revient au personnage de Rincevent et à ses épiques mésaventures. 5 ans après le premier opus, Pratchett commence à exploiter son world-building et développe sa formule. A ce stade, seul l’arc narratif de Rincevent (et du Bagage) a droit à plusieurs opus : les deux premiers tomes de la série et, donc, ce cinquième. Mais les personnages abordés dans les opus 3 et 4 (respectivement les sorcières et la Mort) auront également droit à leur « série » dans la suite de la série, tout comme d’autres arcs qui n’ont pas encore été entamés.

Mais revenons à Sourcellerie. L’argument principal du bouquin est simple à comprendre : que se passerait-il sur le Disque-Monde si les magiciens se mettaient à faire de la vraie magie ? De fait, Rincevent et ses confrères (enfin, surtout ses confrères, Rincevent n’étant pas réellement un magicien accompli…) ressemblent davantage à une caste de bourgeois loufoques qui pratiquent une magie relevant plutôt du spectacle de magie que de la magie spectaculaire, si vous saisissez la nuance ! Ils font ce qu’ils peuvent avec des sorts assez complexes, lents à invoquer et aux effets relativement modestes. Rincevent, en particulier, n’impressionne guère avec sa maîtrise toute relative de l’Art.

Que se passerait-il, dès lors, si un individu venait chambouler tout cela ? C’est ce que Sourcellerie nous raconte : le retour d’un véritable magicien, maîtrisant la « wild/wyld magic » si l’on devait prendre une référence de RPG. Exit les incantations qui prennent 10 plombes à caster. Exit les ingrédients complexes à assembler. Thune, un jeune garçon, est un huitième fils au cube (le huitième fils d’un huitième fils d’un huitième fils). Cela fait de lui un sourcellier, un adepte de la magie pure. Son père, qui meurt au début du tome, a une revanche à prendre sur l’Université de l’Invisible. Chassé de ses rangs par ses pairs car il a pris femme (ce qui est interdit aux magiciens, justement en raison du risque de procréer un sourcellier), il floue la Mort en projetant son essence dans un bourdon (le fameux bâton de magicien) en métal qu’il lègue à son fils. Il n’aura dès lors de cesse d’éduquer son fils pour qu’il maîtrise ses pouvoirs incommensurables et renverse l’ordre établi en chassant le doyen de l’Université d’Invisibilité.

Et le puissant et jeune thaumaturge y parvient en deux temps trois mouvements. Sa maîtrise exceptionnelle de la magie fait de lui le plus puissant mage sur la face du Disque-Monde. Avec des effets collatéraux : le renouveau de la sourcellerie ouvre la possibilité pour tous les mages du royaume de puiser directement dans l’essence primordiale de la magie et de pratiquer, enfin et à nouveau, une magie puissante, rapide et spectaculaire. Et advient ce qui devait advenir : c’est très rapidement la guerre, opposant le jeune Thune et ses partisans à certains magiciens tentant de rétablir l’ordre ancien (et nettement plus civilisé, où pratiquer la magie va de pair avec respecter l’heure du thé).

C’est sans compte, bien sûr, sur le grain de sable qui va gripper la machine. Rincevent, aidé de son sempiternel bagage, de la fille de Cohen le Barbare, de Nigel, un apprenti barbare par correspondance et du bibliothécaire de l’Université invisible (un orang-outan, pour ceux qui l’ignorerait), se retrouve embarqué malgré lui dans une quête qui l’amènera à sauver le Disque-Monde, une nouvelle fois, de l’apocalypse. Ou, plus précisément, de l’Apocralypse (l’apocalypse apocryphe) provoquée par la guerre de magie (et mise en œuvre par les quatre cavaliers de l’Apocralypse, la Mort, la Guerre, la Famine et la Pestilence, qui passent la majeure partie du livre à se torcher dans une auberge sur le chemin d’Ankh-Morpokh). Je vous épargne le développement scénaristique, qui tient de plus en plus la route de livre en livre, pour simplement vous confirmer le génie de la faconde de Pratchett. A partir d’un argument scénaristique loufoque, l’auteur britannique parvient une nouvelle fois à nous embarquer dans 300 pages d’aventures épiques, drôles, sarcastiques, dramatiques et, finalement, très humanistes. Où l’on apprendra aussi que le Bagage peut être jaloux, qu’on peut être une machine à tuer et rêver d’être coiffeuse, qu’on peut être un Sultan du Sud très riche et puissant et être un très mauvais poète, etc.

Et au-delà de tout ça, Pratchett propose une nouvelle fois une réflexion (peut-être malgré lui ?) sur les limites de la fantasy. Sourcellerie nous renvoie effectivement directement en pleine face l’impossibilité d’avoir un système de magie sans règles inhibantes/limitatives dans un univers de fantasy. Les magiciens à la Donjons et Dragons (ceux des RPGs PC plus que papiers, notons-le) n’ont en fait aucun sens quand on y réfléchi deux minutes. Leurs pouvoirs seraient tellement étendus que cela ferait d’eux l’équivalent de Dieux immortels et invincibles. Et, donc, très rapidement, des tyrans. Pratchett nous rappelle ici qu’il est nettement plus sain, dans un univers de fantasy qui se veut réaliste, d’avoir de mauvais magiciens, des types qui claquent des doigts pour invoquer une flammèche ou qui savent faire sortir un lapin de leur chapeau. Mais pas beaucoup plus, sinon toute la société du monde en question part très rapidement en sucette. C’est ce qu’a compris, par exemple, Brandon Sanderson dans ses multiples séries : les praticiens de ses divers systèmes de magie sont très peu nombreux et dimensionnent par leurs actions le monde entier dans lequel ils vivent, il ne pourrait en être autrement. Sauf si l’on s’appelle Rincevent, bien sûr !

Watership Down

De Richard Adams, 1972.

La fantasy animalière est une grande spécialité anglo-saxonne. Entre Le Vent dans les saules, que nous avons déjà abordé ici, les livres de Beatrix Potter ou encore la saga Rougemuraille de Brian Jacques, cette branche particulière de la fantasy a livré au fil de son siècle d’existence quelques chefs-d’œuvre. L’on pourrait argumenter que la tradition des récits animaliers date d’avant le début du XXème, puisque La Fontaine en abusait par exemple dans ses fables. Mais le principe du récit, construit, complexe, et qui n’appartient plus tout à fait au genre du conte ou de l’allégorie simple, n’en déplaise à Orwell et à sa Ferme aux animaux, date quant à lui bien du début du siècle précédent (voir un peu avant, avec Le Livre de la jungle, de Rudyard Kipling, qui date de 1894). Richard Adams inscrit donc son premier et plus fameux roman dans une tradition littéraire finalement assez récente (moins d’une centaine d’année est assez court, pour un genre littéraire) et, jusqu’alors, essentiellement orientée vers un public enfantin.

Le défi était donc grand, pour Adams, de faire éditer un premier roman à plus de 50 ans mettant en scène une bande de lapins dans la campagne anglaise. Adams, vétéran de la seconde guerre mondiale et haut fonctionnaire britannique, s’est découvert une carrière d’écrivain sur le tard, sous la pression de ses deux filles pour lesquelles il avait inventé l’histoire de Hazel et Fyveer lors d’un trop long voyage. Rien ne le prédestinait réellement à prendre la plume, ce qu’il fit cependant pour laisser une version écrite de son récit à ses filles pour leur faire plaisir. Dix-huit mois de rédaction nocturne plus tard, Watership Down voyait le jour. Refusé par de nombreux éditeurs, qui voyaient mal comment vendre ce récit à un jeune public alors que le ton et le style étaient résolument adultes, le roman devait encore sommeiller quelque temps avant d’être finalement publié en 1972.

54 millions d’exemplaires plus tard, trois adaptations animées (deux longs métrages, une série télé) réalisées entretemps, Watership Down est devenu un classique moderne, aimé par une armada de lecteurs qui le découvrirent dans leur enfance, s’émerveillant de la nature anglaise et tremblant face aux menaces rencontrées par le lapin Hazel et ses semblables. C’est l’un de ces classiques anglais à ranger aux côtés du Hobbit, du Vent dans les saules ou encore des Chroniques de Narnia. Ce ne serait cependant pas lui faire totalement justice : bien qu’inventé pour ses propres filles, Adams n’a pas écrit un livre pour enfants. Watership Down est un roman assez sombre où les protagonistes ne s’en sortent pas toujours. Le monde qui les entoure est violent et la guerre qui les menace n’est pas un pantomime : les chats, les chiens, les renards ou encore les garennes adverses sont autant de dangers mortels pour les protagonistes principaux.

Il serait donc plus juste, pour s’embarquer dans un parallèle boiteux avec l’œuvre de Tolkien, de comparer Watership Down au Seigneur des Anneaux, là ou Le Vent dans les saules est l’équivalent du Hobbit. Le parallèle est boiteux comme je le disais, cependant, car Watership Down n’a pas l’ambition épique, voire mythique, du grand œuvre de notre philologue préféré. Watership Down est plus simplement une histoire d’exil et de survie. Une ode à la nature, dans ce qu’elle a de plus beau et de plus cruel à la fois. Le roman s’ouvre sur une « vision » de Fyveer, le frère malingre de Hazel, le lapin/personnage principal du roman. Fyveer voit leur garenne détruite par des humains dans les jours qui viennent et presse son frère de prendre le chemin de l’exil pour s’établir ailleurs. Rejeté par le chef de son clan, Hazel parvient à convaincre quelques lapins de sa garenne de s’enfuir pendant qu’il est encore temps. S’ouvre alors une longue période d’errance, amenant Hazel et les siens, le puissant Bigwig, le sage Holyn et bien d’autres encore, à chercher un nouveau foyer et à affronter nombre de dangers. Ils devront faire face à des environnements étranges et méconnus, à des prédateurs belliqueux et surtout à des garennes rivales qui s’organisent en un culte étrange ou en une tyrannie absolue. Jusqu’à trouver leur nouveau territoire, leur garenne : Watership Down, qu’ils devront aménager et défendre contre les menaces extérieures. Ces nombreux développements leur apporteront de nouveaux alliés, comme la mouette Keehar, et, surtout, une expérience et une sagesse plus grandes qui leur éviteront de prendre de mauvaises décisions. Je vous épargne davantage de détails sur l’histoire en elle-même pour ne pas vous gâcher le plaisir de lecture.

La première chose qui frappe, une fois la dernière page de Watership Down tournée, est sans doute de se dire que nous avons été tenus en haleine pendant plus de 500 pages (d’un texte fort dense) avec une histoire de lapins des prés. Adams a construit un récit balancé et équilibré qui pousse le lecteur à trembler avec ces rongeurs angoissés que sont les lapins de garenne. Et c’est un véritable exploit. Chacun d’entre eux a une personnalité bien marquée, complexe, et possède un arc narratif qui le fait évoluer au fil des aventures. Adams a développé par ailleurs un langage particulier que les lapins utilisent pour certains concepts essentiels dans leur culture ainsi qu’une mythologie propre que les lapins se racontent au fond de leur terrier. Cette mythologie, construite autours du lapin héroïque Shraavilshâ, le malin père de leur race, ressemble davantage aux récits mythologiques indiens qu’à ceux issus des cultures germanique ou scandinave comme on les rencontre plus souvent dans la fantasy britannique. J’y vois peut-être une influence du fait qu’Adams fut envoyé sur le front pacifique pendant la seconde guerre mondiale, où il a pu découvrir le Mahabharata ou le Panchatantra, dont les « fables » ressemblent fort à celles qu’il invente dans sa cosmogonie lapine. On retrouvera bien sûr aussi l’influence de son expérience martiale dans la description du siège de Watership Down ou des diverses batailles qui émaillent le récit. En filigrane, on lit également l’engagement d’Adams dans la préservation de l’environnement, dans la glorification d’une certaine idée de l’Angleterre rurale qu’il partage avec Tolkien également (Adams a par ailleurs commencé sa carrière administrative comme assistant du Ministre de l’Environnement !)

Watership Down mérite parfaitement son aura de classique moderne. A l’instar du Vent dans les saules qui m’avait également marqué en 2020, je suis heureux d’avoir maintenant lu ce roman qui fait partie de la culture anglo-saxonne. De fait, bien que le roman ai été traduit et publié en français en 1976, et réédité en poche en 1986, le roman était largement oublié dans nos contrée ces dernières décennies. La nouvelle adaptation par la BBC et Netflix en 2018 nous a remis le livre en mémoire, mais c’est surtout l’excellente idée des toujours inspirées éditions de Monsieur Toussaint Louverture de rééditer le bouquin en 2016, puis dans une version illustrée en 2018 (et en poche en 2020) qui a permis à une nouvelle génération de lecteurs francophones de redécouvrir cet excellent roman. Bien que j’eusse acheté la version de 2016, j’ai finalement lu le roman dans sa réédition dans la collection « Les grands animaux » de Monsieur Toussaint Louverture, dont j’apprécie les couvertures stylisées, le format semi-poche et le grammage du papier qui en font une expérience physique de lecture très agréable et plus pratique que leurs grands formats. Et pour le prix très modeste de 12,50 €, il n’y a _vraiment_ aucune raison d’hésiter. Jetez-vous dessus, vous ne serez pas déçu du voyage.