Diluées

Edité par Zoé Laboret, 2022.

Figure relativement discrète de l’édition de littérature SFFF francophone depuis quelques années, Zoé Lahoret semble très fière d’avoir été choisir par les éditions ActuSF en 2022 pour éditer ce court recueil de nouvelles à la manière d’un cadavre exquis. C’est du moins ce qu’elle laisse entendre dans le très court avant-propos qui précède les textes en eux-mêmes. Sept nouvelles se succèdent ensuite, qui ont pour point commun, comme l’indique la quatrième de couverture, de mettre en scène de l’érotisme queer. Sept nouvelles de septs auteurs et autrices dont je n’avais, jusque-là, jamais entendu parlé.

La première, Ereshkigal, signée de Morgane Stankiewiez, nous emmène dans un futur indéterminé, sur une lune terraformée dans une ambiance à la Cyberpunk (l’excellent jeux polonais des créateurs de The Witcher). L’autrice a une bonne vingtaine de romans à son actif, mais je n’en connais aucun. On y découvre une chanteuse punk dépressive, enfermée dans la cage dorée d’une compagne qui ne l’aime plus pour qui elle est mais pour l’histoire de rédemption qu’elle s’est attribuée. C’est sans compter sur un I.A. rebelle, qui par le corps et par la tête va lui rappeler qui elle est vraiment. L’ambiance est très aimable, mais le développement sans doute un peu simple, même si on note l’effort d’aller chercher un cadre mythologique sans doute moins courru que les poncifs habituels.

Couleur d’écume, de Morgan of Glencoe, est la deuxième nouvelle du recueil. Changement radical de décors pour présenter les amours saphiques d’une capitaine pirate au grand cœur qui tombe littéralement en adoration devant une petite rouquine irlandaise dans un décors de mer des caraïbes. Bien écrit, si l’on aime le vocabulaire marin, mais très fleur bleue. Rien qui m’a donné envie de découvrir les multiples romans que l’autrice et musicienne a apparemment publié chez ActuSF. La troisième nouvelle, Vœux électriques, de Karine Rennberg, nous plonge quant à elle dans le Paris de l’expo universelle. On retrouve deux protagonistes, à nouveau deux femmes, qui ont comme point commun de ne pas être comme les autres. L’une veut accéder à la connaissance dans un monde où celle-ci est réservée aux hommes, l’autre, riche veuve, a des goûts qui ne sont pas ceux de son temps. La fée électricité va cependant les aider à trouver une voie commune. Mignon, à nouveau, sans éclat.

On poursuit avec Bouches d’incendie, de Cordélia, qui se déroule dans une France contemporaine. Un jeune homme timide, ayant terminé récemment sa transition, rencontre sur le pavé d’une manifestation anti-nucléaire une jeune journaliste androgyne. Et c’est le coup de foudre. A nouveau, bizarrement très convenu. Vieilles connaissances, de Nadège Da Rocha, nous plonge quant à elle dans un univers médiéval où une chevaleresse sur le retour s’embarque dans une dernière aventure avec une jeune page un peu niaise avant de tomber, lors d’une chasse au dragon improvisée, sur une vieille amie et se rappeler, ainsi, de tendres souvenirs de jeunesse. Davantage maîtrisé, drôle par moment, nostalgique, la plume de Nadège Da Rocha m’a fait penser par moment aux textes plus courts de Robin Hobb. Et c’est un compliment. Le plus beau texte du recueil à mes yeux, sans doute en raison de son cadre de fantasy plus marqué.

Alpha Beauty, de Théodore Koshka, est sans doute le texte qui m’a le moins plus. Pourtant, l’idée de raconter un crime par la victime dans un futur indéterminé très marqué par une division de l’humanité en classes (les alphas, les bétas et les omégas) est une bonne idée sur le papier. Le fait que des traumatismes anciens et des non-dits émaillent le récit est aussi bien pensé. Mais le tout est gâché par un développement relativement minimaliste et par un choix assumé d’éviter les terminaisons genrées par un système d’écriture complexe lié à la classe et non au sexe/au genre. A part alourdir la graphie et parasiter la fluidité du texte, cela n’apporte en plus rien qu’un accord classique de genre n’aurait apporté également au texte. Soit. Enfin, le recueil se termine sur la nouvelle Comme un soleil, de J. M. Corrèze, un texte plus contemplatif qui nous parle des multiples vies d’une divinité mineure du feu qui, au fil des générations, s’incarne de diverses manières pour aimer des représentants et représentantes de « son » peuple. Original, poétique et doux. C’est clairement le deuxième point fort du recueil.

L’un dans l’autre, ce recueil, qui se veut une publication qui change le regard sur le genre et la littérature queer en général, est plutôt raté. Pour plusieurs raisons. D’abord, je crois comprendre que l’idée étaient que les textes forment un tout, sur le principe du cadavre exquis, chaque auteur et autrice élaborant son histoire à la suite du précédent. Pourtant, les liens sont extrêmement ténus (si l’on oublie les deux impératifs éditoriaux : de l’érotisme et des amours queers). Au-delà de quelques redondances de noms, seule la peur de l’eau revient comme thématique commune, embarquée d’histoire en histoire sous diverses formes et avec diverses conséquences. C’est un peu maigre, comme cadavre exquis : cela ressemble davantage à une contrainte éditoriale supplémentaire qu’à un vrai exercice de rédaction à multiples mains. Mais soit, c’est assez mineur comme soucis.

Non, mon principal problème est que l’ensemble est finalement très gentillet. Bien que l’on parle d’amours queer, il faut déjà noter d’emblée que cinq des sept nouvelles présentent uniquement des couples lesbiens. Je n’ai rien contre, mais c’est assez réducteur par rapport à la polyphonie des amours divers sont l’éditrice se vente pourtant dans son avant-propos. Et c’est extrêmement fleur bleue. La majorité de ces histoires se finissent bien pour leurs protagonistes principales, à la limite du « et iels vécurent heureux.ses jusqu’à la fin des temps« . Pas très subversif, comme message. Ni très réaliste : aucune d’entre elles n’a l’air de vraiment être victime de la société qui les entoure, de préjugés ou de difficultés particulières liées à leur sexualité ou à leur genre, alors que c’est pourtant bien le ressort scénaristique (et la trise réalité) le plus simple à mettre en œuvre.

Comme si cette sexualité différente (dans le sens différente de la majorité hétéro), pourtant l’objet principal des nouvelles, n’était en fait en rien un élément scénaristique. Je peux comprendre la démarche, souhaitant normaliser au maximum les pratiques sexuelles diverses, ne pas en faire un élément déclencheur ou un obstacle dans la dramaturgie interne du texte, mais alors pourquoi le mettre en avant comme un argument de vente du recueil ? De même, les scènes de cul (c’est plus tellement de l’érotisme, quand c’est explicite, les ami.e.s…), pour amusantes qu’elles soient à lire, sont aussi finalement très sages. Poppy Z. Brite, que j’avais commenté ici il y a quelques temps déjà, était nettement plus subversive sur le sujet il y a plus de 30 ans. Comme si l’érotisme queer (saphique, surtout) était complètement aseptisé pour donner une succession de saynètes gentillettes, dans un cadre SFFF qui fait vendre. Honnêtement, ça m’a rappelé les publications yaoi qui fascinaient les jeunes filles en manque de sensations fortes fin des années 90. Des bluettes soi-disant transgressives qui répondent davantage aux codes de la bit-lit que d’une véritable écriture engagée. Une belle déception, donc.

Le Grand Dieu Pan

D’Arthur Machen, 1894-1895.

Suivi de :
La Lumière intérieure
Histoire du cachet noir
Histoire de la poudre blanche
La Pyramide de feu

Il y a bien longtemps dans les colonnes de ce blog, en 2017 plus exactement, je vous avais parlé d’un classique de la fantasy publié chez une petite maison d’édition, alors relativement confidentielle, du nom des Editions Callidor. Il s’agissait des Habitants du Mirage, d’Abraham Merritt, que l’on ne trouvait plus guère à l’époque que dans les solderies et autres bouquinistes dans ces vielles éditions J’ai Lu, dans la collection « Fantastique » époque Jacques Sadoul. Le classique de 1932, que j’avais apprécié pour ce qu’il était, à savoir un roman assez mécanique et archaïsant, mais posant néanmoins les fondations d’une fantasy qui allait alors se développer à travers les magazines pulp des décennies suivantes, je finissais l’article en précisant que Callidor, dont c’était là le coup d’essai, semblait être en fâcheuse posture.

L’histoire m’a donné tort, apparemment. Non content d’avoir continué à publier, à un rythme de sénateurs, quelques grands classiques dans une diffusion relativement limitée, l’équipe éditoriale a fait un choix drastique (peut-être liée à un contrat avec un nouveau diffuseur ?) il y a quelques années de s’orienter davantage dans l’édition de luxe, tout en maintenant une ligne éditoriale claire consacrée aux classiques de la littérature de genre. Ils sont même légèrement sortis de leur ligne pour publier également des classiques du roman d’aventure, comme l’Appel de la Forêt de London, Shogun de James Clavell ou encore Spartacus de James Leslie Mitchell.

Et ce Grand Dieu Pan, déjà publié chez de multiples éditeurs dans de multiples formats ces dernières années, en est le plus parfait exemple. Beau livre, contenant non seulement la novella éponyme de Machen, mais également quatre autres nouvelles et plusieurs textes connexes signés Guillermo del Toro, Jorge Luis Borges ou encore S.T. Joshi (excusez du peu !), cette superbe édition trouvera aisément sa place dans les rayonnages de la bibliothèque de l’amateur de fantastique éclairé. Sous sa couverture cartonnée illustrée splendidement par un dessin du paraguayen Samuel Araya se cache quelques bijoux de la littérature fantastique du tournant du siècle, ayant inspiré entre autres les premiers écrits de Lovecraft, au même titre que les romans et nouvelles de Lord Dunsany. Le grammage du papier, le choix des différentes cases de caractères (en ce compris celles qui imitent l’écriture scripturale) et le soin apporté à la mise en page et à la reliure en font réellement un objet de collection, réhaussé en cela par un tirage relativement limité (4.000 exemplaires pour le premier tirage, d’après le colophon).

Ajoutons à ce ceci que Machen n’est pas Merritt, puisque je commençais cette critique par le rappel de ce dernier. Là où Merritt livrait une aventure aimable, marquée cependant par les tropes de son époque et un développement parfois trop mécanique, Machen livre au contraire ici des textes fort, qui allient clairement un amour du « surnaturel » et de la belle littérature. La nouvelle éponyme en particulier, sublimée par la traduction initiale de Paul-Jean Toulet, écrivain français amoureux de la langue dont le nom est malheureusement tombé dans l’oubli, est un parfait exemple d’une alliance réussie entre le roman d’aventure à la Robert Louis Stevenson et le drame gothique à la Marry Shelley. Il faut se rappeler que le gallois Machen, lorsqu’il rédige les diverses nouvelles regroupées dans ce volume, n’a pas encore pu s’inspirer du grand succès de librairie qui s’imposera trois ans plus tard : le Dracula de Bram Stoker, publié en 1897. Machen est donc réellement un pionnier qui eut la chance, comme on l’apprend dans le commentaire de S.T. Joshi, le plus grand spécialiste vivant de l’œuvre de Lovecraft, d’avoir pu écrire ce qu’il voulait, épargné des affres de la vie quotidienne par un héritage heureux.

Le Grand Dieu Pan, comme La Pyramide de Feu, firent scandale à leur sortie initiale, bouleversant une Angleterre victorienne peu habituée à ce que les contes pour enfants trouvent une déclinaison plus adulte et horrifique. Les textes regroupés ici, au-delà de certaines scories dues à leur époque, sont étonnement modernes dans leur traitement : le lien entre le sexe et la damnation y est traité par le biais du surnaturel, en s’inspirant des légendes galloises (et plus largement, britanniques) que sont par exemple le petit peuple, nettement plus inquiétant ici que dans les pièces fantastiques du barde Shakespeare lui-même. Exit le gentil Puck de Songes d’une nuit d’été et place aux fées monstrueuses qui inspireront bien plus tard Neil Gaiman pour certains épisodes de Sandman ou moultes auteurs de fantasy modernes qui « revisiteront » nos contes et mythes comme Arthur Machen l’avait déjà fait à la toute fin du XIXème siècle.

La Lumière intérieure, qui suit Le Grand Dieu Pan, est sans doute la nouvelle la plus faible du recueil, avec son déroulé relativement convenu. L’Histoire du cachet noir, elle, nous plonge réellement dans une ambiance lovecraftienne de recherche d’une civilisation passée sont les traces éparses ne peuvent conduire qu’à d’innommables confrontation. Et bien que je sache que c’est bien sûr Lovecraft qui s’est inspiré de Machen et non l’inverse, il est difficile de trouver meilleur adjectif que lovecraftien pour commenter ces textes. L’Histoire de la poudre blanche, elle, ne s’intéresse pas réellement aux civilisations anciennes mais va directement se confronter à la corruption du corps par l’ingérence de substances impies. Certains passages, presque proches du « body horror » revenant à la mode avec le récent The Substance, trente ans après les délires filmiques de Cronenberg dans le domaine, démontre à nouveau l’incroyable relevance et jeunesse de textes de Machen. Enfin, La Pyramide de feu, sous ses dehors de charmante enquête pastorale, nous confronte elle-aussi à l’indicible et se conclut sans espoir par une porte vers l’inconnu que les protagonistes préfèrent refermer, conscients de ne pouvoir influer des forces trop anciennes et trop puissantes pour eux. Si l’on remplace les collines chauves et sauvages du Pays de Galles par les sombres forêts de la Nouvelle Angleterre, à nouveau, nous pourrions parfaitement être dans un récit de l’homme de Providence.

Enfin, et il faut le souligner, l’ouvrage est parfaitement soutenu par les illustrations éthérées et inquiétantes de Samuel Araya. L’artiste, pour qui illustrer du Machen était apparemment un rêve de gamin, a eu l’intelligence de partir de vieux clichés, chiné à droite à gauche dans des vides greniers, pour les « pervertir » de diverses manières afin de faire surgir eu eux l’image du malin, quel que soit le nom qu’on lui donne. Les 26 illustrations n’ont pas toutes la force d’évocation de celles choisies pour illustrer la couverture et la quatrième de couverture, mais elles apportent clairement une touche dramatique supplémentaire, suggérant plutôt que montrant, puisque le mal est par définition indicible. L’illustrateur revendique d’ailleurs intelligemment dans son court commentaire qui clôt l’ouvrage le fait d’avoir illustrer des situations, personnages et paysages qui ne se trouvent pas dans les textes de Machen, faisant en cela appel à l’imagination du lecteur pour créer le sens et les significations de ses choix. Malin, dans tous les sens du terme. Si vous n’êtes pas encore convaincu à ce stade-ci de ma chronique, je ne sais évidemment qu’ajouter pour vous convaincre. 35€ pour cette superbe édition d’un classique du fantastique ayant inspiré nombre d’auteurs modernes, dans un splendide écrin d’une maison d’édition qui aime son catalogue et son métier devraient, je l’espère, clore définitivement votre débat intérieur, pour autant qu’il ait lieu.

Contes de la fée verte

De Poppy Z. Brite, 1993.

En 1993, lorsque Poppy Z. Brite a débuté sa période de gloire dans la littérature de genre, elle était encore une femme. Maintenant, 30 plus tard, Poppy Z. Brite, de son vrai nom Billy Martin, a changé de genre et est devenu ce qu’il a toujours, semble-t-il, souhaité être : un homme homosexuel. J’utiliserai donc le masculin dans la suite de ce billet, puisque l’auteur en a décidé ainsi. Et ce prolégomène, qui ne s’intéresse qu’à la vie privée de l’auteur, est une précision nécessaire pour bien saisir l’œuvre de Brite.

En effet, ce recueil de nouvelles, préfacé par nul autre que l’excellent Dan Simmons, est fort marqué par les choix de vie de son auteur. Ainsi, à travers les douze courtes nouvelles, Brite met principalement en scène des hommes, jeunes, minces, androgynes et homos pour la plupart (ou bisexuels, pour faire bonne mesure). D’une certaine manière, la lecture du recueil m’a fait de nombreuses fois penser aux shôjos des années 90 et, en particulier, à la production de Kaori Yuki (Angel Sanctuary, Comte Cain, etc.) où des bishounens torturés souffrent à longueur de tome d’un mal-être existentiel souvent provoqué par des frustrations sexuelles inexprimées. Sans même parler de la production yaoi (à savoir des mangas destinés aux jeunes femmes et mettant en scène les émois homosexuels, explicites ou suggérés, entre de beaux jeunes hommes).

Pourquoi cette digression vers le monde du manga ? Et bien parce que c’est, je pense, à peu près le même public qui est visé et les mêmes tropes qui sont utilisés dans ces nouvelles de Poppy Z. Brite. L’auteur poursuit en effet le mouvement entamé par An Rice en 1976 avec son Entretien avec un Vampire et l’amène vers de nouveaux horizons. Brite est connu comme l’un des auteurs majeurs de la tendance splatter horror (= mise en scène très graphique et explicite de l’horreur, à l’instar de l’oeuvre de Clive Barker, inspiré du giallo italien et des séries B américaines d’horreur des années 70/80) au début des années 90. Pourtant, très honnêtement, même si Brite n’évite en effet pas les scènes explicites et a certaine fascination pour la mort, la torture, le glauque et le sexe, tout cela reste relativement sage. Je me souviens que les auteurs « inspirés » par Poppy Z. Brite sont nettement plus dérangeants, par exemple dans les recueils Eros Vampire édités par Brite lui-même quelques années plus tard.

Brite est en effet encore fort marqué par les grands récits gothiques (l’une des nouvelles s’ouvre d’ailleurs sur une référence directe à Lovecraft) des 18 et 19èmes siècles et cela se sent, se voit, se lit dans ses textes. Brite a par ailleurs un talent certain avec sa plume : les nouvelles sont définitivement de très bonne facture quant à leur style. Proches de la poésie, les descriptions des lieux comme des sentiments des protagonistes sont particulièrement agréables à lire, bien servies également par une traduction de très bonne facture. L’ensemble se révèle donc être un recueil de nouvelles érudites, poétiques, dramatiques et sinistres, mêlant allègrement l’hommage à une certaine forme de classicisme gothique et des concepts et réalités davantage punks et modernistes.

Pourtant, et malgré la qualité intrinsèque des textes ici présentés, le recueil s’oublie assez vite. C’est d’ailleurs, si vous me permettez la généralisation, le problème de la carrière complète de l’auteur : s’il a marqué le genre pendant quelques années en proposant quelque chose de neuf et de construit, ses textes sont tombés assez vite dans l’oubli. La raison en est selon moi assez simple : ils sont très marqués dans leur temps. On y voit, on y respire, on y vit une certaine forme de nihilisme grunge & goth très marqué dans l’imaginaire du début des années 90. Par ailleurs, même si les nouvelles proposent des trames assez diverses, du zombie aux fantômes en passant par le conte macabre, ils ont le grand défaut d’être trop semblables l’un à l’autre. Calcutta, seigneur des nerfs, seule nouvelle primée du recueil, en est sans doute la meilleure : elle offre une relecture intéressante et désespérée du concept de zombie. Mais pour les autres, bien vite, les différentes histoires ont tendance à s’effacer de la mémoire du lecteur pour se mélanger et laisser un souvenir confus d’histoires mélodramatiques, où les frustrations et perversions sexuelles se mélangent aisément avec un goût prononcé pour le macabre, l’horreur et le désespoir.

Poppy Z Brite lui-même en a d’ailleurs eu marre après quelques années et a choisi de quitter la littérature de genre pour passer à des textes plus positifs et brillants, arguant que cette fascination pour l’horreur avait un effet négatif sur son équilibre mental. On ne peut que le croire, mais force est de constater qu’il a depuis lors complètement disparu de la circulation et n’a plus été mentionné qu’en raison de sa transition de genre et non plus, malheureusement, pour ses œuvres. Reste à soulever notre verre d’absinthe (la fée verte éponyme, pour les inattentifs) en hommage à la carrière en forme d’étoile filante de la littérature de genre dont le recueil ici chroniqué est sans doute le parangon de sa production. Santé.

Shining in the dark

Edité par Hans-Ake Lilja, 2017.

Quelques années après sa sortie originale, ce recueil de nouvelles éditée à l’occasion des 20 ans du site web Lilja’s Library, site de référence internationale sur l’œuvre de Stephen King, sort finalement en poche en français chez ActuSF/Hélios. Bonne idée de la part d’ActuSF de s’intéresser à la superstar du Maine pour mettre en valeur la collection poche qu’ils partagent avec d’autres maisons d’édition du fantastique français et encore meilleure idée de proposer un recueil de nouvelles, format dont, vous le savez entretemps, je suis un grand amateur.

Assez peu de grands noms de la fantasy, du fantastique ou de l’horreur moderne au sommaire de ce recueil et une programmation qui ne laisse que peu de place à des inédits, mais néanmoins une construction d’anthologie assez intéressante, mélangeant les époques et les styles pour finalement ressembler à l’œuvre de l’auteur qu’elle entend honorer : l’éclectisme King-ien, qui peut passer du Dr. Sleep à Cujo en passant par la Tour Sombre et aux nouvelles touchantes de Quatre saisons. N’étant pas un grand lecteur de King, je ne me prétends pas spécialiste de son œuvre, mais j’ai comme tout un chacun été confronté à son imaginaire multiple ces 40 dernières années, à travers les nombreuses adaptations ciné et télé de ses œuvres (avec plus ou moins de bonheur) ou à travers la grande influence qu’il a eu sur la culture populaire en général (Stranger Things, on pense à toi).

C’est donc avec un certain plaisir que je me lance dans l’exercice habituel de toucher un mot sur chacun des textes présents dans l’anthologie avant de tenter de conclure par un avis général. Le recueil d’ouvre donc sur une courte nouvelle oublié du maître de l’horreur, à savoir Le compresseur bleu, que King en 1971 (donc assez tôt dans sa carrière). Relativement anecdotique, on retiendra surtout que King se lance assez hardiment à l’attaque du quatrième mur s’adressant « face caméra » (comment étendre ce concept à la littérature sans prendre trois paragraphes pour l’expliquer ?) au lecteur.

Le second texte, le seul écrit à quatre mains du recueil et signé par Jack Ketchum et P.D. Cacek, fait directement plus froid dans le dos. Moins farce que le texte de King, les deux auteurs imaginent ici une conversation digitale entre deux amants potentiels sur un forum de rencontre. Le réseau, c’est le titre de la nouvelle, cependant, se passe mal. L’homme n’est pas le gentleman qu’il prétend être et la (très, trop) jeune fille qui lui répond a bien mal caché son ingénuité. Texte intéressant, mais finalement plus sinistre qu’effrayant. Au moins m’a-t-il permis de connaître Jack Ketchum, décédé il y a quelques années, qui semble assez prolifique dans le genre de l’horreur. Sa co-autrice, P.D. Cacek, est quant à elle plus discrète.

Le roman de l’Holocauste, troisième texte, est signé par Stewart O’Nan, auteur prolifique mais surtout connu pour avoir été co-auteur d’un bouquin avec Stephen King par chez nous. Nombre de ses livres ont été publié en français, mais chez L’Olivier, qui n’a pas forcément pignon sur rue. Pourtant, la nouvelle est réellement très intéressante. Elle imagine, de manière assez maligne, qu’un livre de substitue à son auteur, qu’une œuvre vie une vie de people bien malgré elle, avec les questions que cela suscite sur sa légitimité et son appropriation par d’autres. Ecrire sur les écrivains étant l’un des grands dadas de King, le lien est bien trouvé, la nouvelle faisant cependant davantage réfléchir que frémir.

Aeliana de Bev Vincent est la nouvelle suivante. Restée dans les cartons de l’auteur pendant des années, il semble avoir profité de l’occasion pour la ressortir et la publier dans le cadre de cette anthologie. Choix étrange, car on est ici davantage proche de la dark fantasy ou de l’urban fantasy, mais l’histoire mettant en scène une lycanthrope opportuniste est assez bonne pour soutenir l’intérêt du lecteur, même si la fin est probablement un poil (arf arf arf) convenue. Charabia et Theresa, le texte suivant, est d’un style très différent. Clive Barker, que l’on ne présente plus, s’en prend ici une nouvelle fois à l’imaginaire chrétien pour nous présenter les effets secondaires d’une descente angélique sur Terre. Avec le cynisme que l’on sait familier à l’auteur d’Hellraiser, les apparences sont cependant trompeuses et les canonisés peuvent rapidement s’avérer être des ordures et les anges des sanguins qui ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes. Court texte très malin dont les protagonistes principaux, il faut le noter, sont une tortue et un perroquet.

La fin de toute chose, de Brian Keene, est certainement la nouvelle la plus triste de l’anthologie. Si la situation est horrible, l’horreur en tant que telle n’est pas ici l’objet du texte. On est face à un homme dont la vie est détruite et qui n’a pas d’autres échappatoires que de tendre les bras à la fin de toute chose. Emotion garantie. Richard Chizmar, à travers la nouvelle suivante, La danse du cimetière, en est l’exact contrepied. Reposant sur sa chute (que l’on peut malheureusement deviner assez vite), la très courte nouvelle n’est pas spécialement marquante même si elle fonctionne assez bien en lecture rapide.

Le gros morceau de l’anthologie est cependant la nouvelle suivante, L’attraction des flammes, de Kevin Quigley. Auteur relativement méconnu, il signe ici un texte à mi-chemin du Pays d’octobre de Bradbury et du Ca de King. Le décor de la fête foraine automnal, toujours très évocateur, sert à un récit nettement plus long que les autres mettant en scène trois gamins aux mains d’un tortionnaire imaginatif et appréciant particulièrement les papillons de nuit. Haletant, très marqué hommage à King, mais aussi très efficace.

Le compagnon, de Ramsey Campbell, poursuit dans la voie de la fête foraine, mais malgré son auteur phare, accouche littéralement d’une souri. Le texte, pas mauvais en soi, ne laisse cependant aucune trace tangible après quelques heures. Dommage, car le cadre était là. Choix d’anthologiste étrange, l’antépénultième nouvelle est la réédition d’une nouvelle mineure d’Edgar Allan Poe. S’il est amusant de publier un texte d’une inspiration de King dans un recueil en hommage à ce dernier, on regrettera cependant que Le cœur révélateur est finalement assez mineur et ne dit pas grand-chose sur la qualité exceptionnelle de l’œuvre de Poe.

L’amour d’une mère, de Brian Jones Freeman, est quant à lui assez amusant, mais a le défaut de reposer, comme le genre l’oblige souvent, uniquement sur sa chute. A l’instar de La danse du cimetière, évoqué plus haut, le problème réside dans le fait que lorsque cette chute est prévisible, l’impact du texte en prend directement un coup. Reste une démonstration maligne, mais un peu veine. Enfin, l’anthologie se conclut sur ce qui est le deuxième texte majeur du recueil et, à nouveau, un véritable hommage aux écrits de King. Le manuel du gardien, du suédois John Ajvide Linqvist est la seule nouvelle inédite spécifiquement rédigée pour l’anthologie. Le texte, nous comptant l’histoire d’un nerd qui se découvre une influence sur les autres à travers ses capacités de conteur/maître du jeu à D&D et autres JDR, est aussi horrible que bien menée. Flirtant volontiers avec Lovecraft, King et la cuture geek, Linqvist, que je ne connaissais absolument pas, parvient à dresser une galerie d’adolescents mesquins, médiocres, naïfs et revanchards, bref une galerie d’adolescents réalistes en quelques dizaines de pages. Sans oublier de faire progresser son récit et de surprendre son lecteur. Une superbe découverte.

Et il aurait sans doute mieux valu que Hans-Ake Lilja, qui éditait ici sa première anthologie, se tourne davantage vers la jeune scène de l’horreur européenne pour rédiger des inédits sanglants et menés tambour battant. Le propre d’une anthologie est toujours de mélanger le bon et le moins bon, mais le choix fait ici de prendre des textes mineurs des uns et des autres pour avoir quelques grands noms sur la quatrième de couverture ne donne pas à l’ensemble une qualité fantastique. Rapidement lue, l’anthologie ne restera donc pas dans les annales et on ne peut qu’espérer que son éditeur, si l’envie lui en reprend, se tournera davantage vers l’inédit que vers le recyclage sans grands liens avec l’objet même de l’hommage au cœur du projet : l’œuvre du grand Stephen King. Dommage, il y avait matière à exceller.

Trolls & Légendes

Edité par Valérie Frances, 2015.

Après un long hiatus, il est temps de revenir à ces colonnes pour partager à nouveau avec vous (et avec moi-même) mes impressions de lecture. Même si j’ai un peu moins lu ces derniers mois, pris par des activités professionnelles chronophages, je n’en ai pas moins allongé la liste des œuvres à propos desquelles je voulais écrire quelques paragraphes. Et quoi de mieux, pour reprendre le chemin de la publication en ligne, qu’un recueil de nouvelles édité par ActuSF en marge du salon de la fantasy belge, le si bien nommé Trolls et Légendes, se tenant chaque année à Mons et rassemblant des auteurs, des joueurs et des musiciens pendant quelques jours autours de l’inévitable cuvée des trolls !

ActuSF et Valérie Frances ne se sont donc pas creusés bien loin pour le titre de l’anthologie, ni pour son contenu. Ce Trolls & Légendes (vous noterez le subtil remplacement du « et » par un « & ») est consacré… aux trolls ! Et c’est ma fois une créature des légendes nordiques qui a bien peu de place dans la fantasy moderne, donc pourquoi pas. Sont convoqués à la table des auteurs ce que la fantasy francophone, invitée à l’édition 2015 dudit festival, faisait de mieux. Pas encore de Stefan Platteau, le régional de l’étape, à l’époque, mais quand même du beau monde. Développons comme il se doit cet avis texte par texte, auteur par auteur.

On débute donc l’anthologie avec le très sympathique Sous les ponts de Paris, de Pierre Pevel. L’auteur des Enchantements d’Ambremer, des Lames du Cardinal ou encore de Haut-Royaume, nous ramène donc dans le Paris des Merveilles de son héro dandy Hyppolyte Griffont et de sa fantasque égérie Isabel de Saint-Jil. Il est question ici d’une révolte des trolls de Paris, qui s’assurent depuis des siècles parfois que les Parisiens puissent traverser la Seine sans encombre à toute heure du jour ou de la nuit. Révolte causée par le peu de considération que la mairie ou la cours de la Reine du Ppeuple leur témoigne, allant même jusqu’à ne pas leur verser le salaire promis lorsque le monde réel et Ambremer ont trouvé un équilibre plus ou moins stable voilà quelques décennies. Texte malin, notamment dans sa manière de lié la personnalité des trolls à l’âge des ponts parisiens, on reconnait aisément la patte amusée et légèrement surannée de Pevel. Ceux qui aiment sa steampunk-fantasy stylisée seront convaincus. Les autres trouveront peut-être cette première nouvelle un peu vide, au-delà de son charme suranné intrinsèque…

D’azur au troll d’or, de Claudine Glot, appartient quant à lui davantage au style du conte que de la nouvelle. La cocréatrice et présidente du Centre de l’imaginaire arthurien (où j’avais acheté le très complet et intéressant La légende du roi Arthur lors d’un voyage en Bretagne), signe ici un texte précieux où un jeune chevalier en quête de gloire charme bien malgré lui par son chant une trollesse qui n’hésitera pas à le suivre sa vie durant. Nostalgique et maîtrisé dans sa forme comme dans son message, ce conte mélancolique offre une vision assez classique du troll des légendes en restant très agréable à lire.

Le troisième texte est signée par la toujours très brillante Estelle Faye. La montagne aux trolls nous emmène dans la vie d’une jeune femme qui, un peu par hasard, se retrouve conservatrice dans un musée régional perdu au fond des Vosges. C’est la fascination pour un retable, sombre et dont la provenance semble intraçable, qui force pratiquement la jeune femme à changer de vie et opter pour cette semi-retraite ascétique, ponctuée par de rares contacts avec les villageois de son âge qui, bien qu’ils l’apprécient, gardent une certaine distance malgré les années qui passent. Mais notre protagoniste fini par apprendre que ce retable n’est peut-être pas ce qu’il parait être au premier regard et que sa fascination peut s’expliquer par des phénomènes qui dépassent le sens commun. Superbe nouvelle, je retrouvais ici avec plaisir la plume d’Estelle Faye, toujours aussi délicate et frappante à la fois. Clairement l’un des meilleurs textes de l’anthologie.

Yamadut, de Cassandra O’Donnel, n’est malheureusement pas du même tonneau. Même si le texte propose un twist final amusant, j’ai eu du mal à m’investir dans le texte. Ecrit comme une courte aventure indépendante de l’héroïne d’une série au long cours de son auteur, connue pour ses séries de fantasy à destination des jeunes femmes, elle part du principe que l’on connait qui est la protagoniste principale de la nouvelle et quels sont ses pouvoirs/sa nature. Ce n’est pas mon genre, même si j’admets volontiers que le texte est plutôt bien tourné. Le cinquième texte, Seulement les méchant, de Jean-Luc Marcastel, est quant à lui une surprise. Si le texte débute comme un polar hard-boiled, on se rend vite compte que l’inspecteur retord qui enquête sur le meurtre affreux d’une jeune femme a affaire un suspect d’une autre « nature » que celle à laquelle il s’attendait. Relecture moderne du troll, amusante malgré le prétexte assez sombre de l’enquête, l’auteur à l’intelligence de jouer avec le fait que le monstre n’est pas forcément celui que l’on croit. Amusant, mais qui tient surtout sur son concept.

Le texte suivant est pour moi le second grand texte de l’anthologie après la contribution d’Estelle Faye. Une créature extraordinaire, de Magali Ségura, nous plonge dans la Scandinavie natale des trolls, à l’époque, idéale pour un récit de fantasy, des vikings. On y suit une jeune fille qui, suite à une dispute avec sa mère, décide de fuir son village et rejoindre sa tante à quelques kilomètres de là pour entamer une nouvelle vie. Elle chute cependant dans une caverne dont elle ne sait ressortir où elle rencontrera un monstre de légende qui l’aidera bien malgré lui à grandir. Coming of age story simple et touchante, la plume de Ségura et le portrait subtil et complexe qu’elle esquisse en quelques paragraphes de ses protagonistes porte la nouvelle à merveille. Au-delà du conte fantastique, on a un texte qui parle avec des mots juste de la relation mère-fille, du passage l’âge adulte et du deuil. Un petit bijou à découvrir de toute urgence.

L’excellent Adrien Tomas signe le texte suivant : Le troll de sa vie. On retombe dans le polar avec un texte qui mêle avec un amusement certain humour et action. Et autant j’aime l’auteur pour son côté percutant et sans concession, autant j’ai trouvé qu’il cabotinait un peu dans cette nouvelle sympathique mais oubliable. Les effets de manche sont peut-être un peu gros et ses personnages et situations sont trop rapidement expédiés pour créer un véritable intérêt chez le lecteur. La nouvelle aurait sans doute gagné à s’étendre au format d’un roman (à la condition de prendre un prétexte d’enquête un peu plus sérieux/complexe, sans doute !)

Dans un genre aussi brut et expéditif, le texte suivant, Le mythe de la caverne, de Gabriel Katz, est nettement plus marquant. Il aurait trouvé sa place sans rougir dans l’anthologie Vauriens de Gardner Dozois, aux côtés des auteurs de dark fantasy américaine célébrés de par le monde. On y suit une bande de mercenaires sur le retour, des anciens des croisades, qui prend les armes une dernière fois, pour débarrasser le comté d’un horrible troll contre monnaie sonnante et trébuchante. Pas de bol, les choses ne se passent pas comme prévu et ils tombent sur une équipée adverse. Violant, brut et ironique. Parfait pour moi.

L’avant-dernier texte, Le mal caché, est signé par Patrick McSpare, davantage actif dans le monde la BD et de la littérature jeunesse. Le co-auteur des Hauts Conteurs avec Olivier Peru signe avec cette nouvelle le seul texte de l’anthologie qui nous met dans la peau d’un troll (si ce n’est pas clair dans les premières pages, on comprend assez vite le subterfuge), l’un des derniers de son espère, qui souhaite se venger contre les humains responsables de la mort de sa compagne. Joli texte, efficace, mais qui manque peut-être un peu d’aspérité pour rester réellement dans les mémoires.

L’anthologie se conclut sur un texte mineur de Megan Lindholm. L’américaine archi-connue et mère de la saga de L’Assassin royal était probablement un produit d’appel pour ActuSF à mettre en avant sur la couverture de l’anthologie pour attirer le chaland. Sa nouvelle, Vieux Tacot, se passe dans le futur, dans un monde où les voitures autonomes sont devenues la norme mais où les virus peuvent donner de drôle d’idées aux IA de nos automobiles. Au-delà du fait que le texte est relativement anecdotique, il est aussi notable qu’il s’agit là du seul texte de l’anthologie qui n’a… aucun rapport quelconque avec les trolls. J’ai essayé de vérifier si je n’avais pas raté une référence, si le vieux tacot dont il est question dans le titre de la nouvelle, chargé de l’IA de l’arrière-grand-père de la narratrice, pouvait être une allégorie quelconque du troll, mais… non. Du coup, cette dernière nouvelle, au-delà d’être assez faible, est complètement hors sujet dans cette anthologie.

En résumé, on a comme toujours un recueil qui enchaîne le bon et moins bon. C’est le propre de l’exercice. La qualité moyenne est cependant tout à fait honorable et je pinaille sur quelques faiblesses qui ne sont finalement qu’accessoires par rapport au fait d’avoir un recueil complet sur cette créature de l’imagine souvent délaissée dans la fantasy moderne qu’est le troll. Et si l’on ne tient pas compte de la dernière nouvelle, on a une variation de traitement qui rend l’anthologie très agréable (et très rapide) à lire. Verdict : si vous avez l’occasion de vous la procurer pour pas cher, comme je l’ai fait, n’hésitez pas, ça fait une soirée agréable avec au moins deux grands textes.